Beau paysage, brodé de verdure, étalé ce soir, comme une belle étoffe que le marchand fait valoir. Petite déesse qui se recache constamment sous son manteau d'eau -
Oiseaux qui passent comme une pensée.
Pays à la figure tragique, les ombres des nuages s'y sont mêlées pour le former.
Mais la clarté verte des alpages qui les fait appartenir au ciel, plus qu'à la rude montagne dont ils forment les pentes entre l'obscurité des sapins..
Mais dans ce ciel les trouées d'un bleu sublimement éloigné, d'un bleu infini.
Et à l'ouest, derrière d'autres nuages, le coucher d'un soleil violent qui semble se briser dans son trop brusque départ.
Et toujours, en face de moi, la petite déesse d'eau qui se défait et renaît sous sa chute. L'écume de sa pudeur, et l'onde qui lui fait une épaule innombrable. La grisaille d'un saule au-dessus d'elle, et un églantier aux gestes d'abondance et qui a longtemps fleuri.

Aus: Ébauches et Fragments