Souvenirs de Muzot


II

1
De loin le printemps à venir
nous souffle un peu de sa chance;
notre longue patience
va-t-elle enfin aboutir

à ce que l'on aime reconnaître,
à ce flottant bonheur
qui nous portera..., ou peut-être
en sera-t-on le porteur?

2
Bientôt ce sera à la vigne
de se remettre au clair;
j'attends déjà qu'on aligne
les échalas comme des vers.

Quel adorable poème
l'on écrira sur les coteaux!
Et ce sera le soleil même
qui le jugera beau.

3
Mais d'abord, rentrons au feu.
Ce vent trompeur, qu'il frôle
les arbres, et s'il console,
que ce soit pour eux.

Rentrons à ceux qui écrivent,
et puis, saluons enfin
la tendre saison portative
qu'Alice Bailly peint!

Aus: Poèmes et Dédicaces (1920-1926)