Souvenirs de Muzot

(en Février 1924)
(À Alice Bailly)

I

Nous vivons sur un ancien sol d'échange,
où tout se donne, tout se rend -,
mais notre coeur souvent échange l'Ange
contre la vanité d'un ciel absent.

Le pain naïf, l'outil de tous les jours,
l'intimité des choses familières,
qui n'est capable de les laisser pour
un peu de vide où l'envie prospère.

Mais même ce vide, si nous le tenons
bien contre nous, s'échauffe et s'anime,
et l'Ange, pour le rendre légitime,
l'entoure doucement d'un violon.

Aus: Poèmes et Dédicaces (1920-1926)