Aime-moi, qu'il reste à ma bouche
Aime-moi, qu'il reste à ma bouche
un peu de ce sourire qui te plaît;
mon bras, trop enfantin, quand tu le touches,
demain, il s'éveillera parfait.
Je ne suis point de celles qui arrêtent
le doux passant, le pèlerin aimé;
il me suffit qu'à jamais je reflète
le Dieu pressé qui m'a comblée.
Mais qu'il se verse, que mon corps d'albâtre
soit le vase à le contenir -,
ou bien qu'il me contemple comme le pâtre
contemple l'astre qui devait surgir.
Aus: Poèmes et Dédicaces (1920-1926)